Choisir un lieu pour accueillir un musée : l’Hôtel Salé
Pour comprendre l’œuvre du peintre, il était également essentiel de découvrir son environnement. Picasso a vécu dans diverses maisons et ateliers où les toiles s’accumulaient. Picasso, on le sait, affectionnait les belles demeures comme les Grands-Augustins, Boisgeloup ou Vauvenargues. Il aimait la pierre, l’ancien, solide et durable. Il aimait les appartements bourgeois, hauts de plafonds et divisés en de nombreuses pièces ou les grandes bâtisses campagnardes spacieuses, transformant en ateliers remises et communs. Il a toujours recherché des lieux chargés d’histoire pour poursuivre la sienne. Il n’aimait pas les lieux modernes. Il est probable qu’il aurait choisi, de son vivant, un cadre convenant au style de vie qu’il avait adopté, ce qui est le cas pour l’hôtel Salé. Cette magnifique bâtisse du Marais, dans le cœur de Paris, avec son histoire pleine de rebondissements, apparaît tout indiquée pour accueillir l’œuvre d’une vie.
Un hôtel auquel le sobriquet populaire d’hôtel Salé est resté parce qu’il fut construit par un fermier des gabelles (impôt sur le sel). C’est une œuvre majeure de l’architecture civile au siècle de Louis XIV, à laquelle reste attaché le souvenir étonnant du financier qui la fit bâtir, Pierre Aubert de Fontenay, fermier des gabelles.Pierre Aubert demeurait dans le quartier du Marais mais a souhaité y faire construire sa propre demeure. Le monde élégant y habitait ou s’y promenait. La construction et l’aménagement de la place des Vosges suscitèrent un réel engouement pour la clientèle aristocratique ou chez les financiers qui avaient, plus encore que la noblesse, les moyens de faire bâtir de belles maisons. Corneille choisit d’ailleurs la place des Vosges comme décor de l’une de ses comédies à la mode, en 1634.
Le 16 mai 1656, Pierre Aubert conclut l’acquisition d’un terrain de 3700 m2 appartenant aux religieuses qui géraient l’hôpital derrière l’église Saint Gervais.
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