Lorsque le 9 septembre, un couple de retraités du Sud de la France arrive dans les bureaux de Picasso Adminstration, Claude Picasso n'imagine certainement pas le retentissement médiatique de l'affaire que le journal LIBERATION a révélé le 29 novembre dernier.
L'histoire débute au début du mois de janvier 2010 quand nous recevons par la poste un volumineux courrier contenant 39 photographies noir et blanc accompagné d'une lettre manuscrite décrivant ces dessins et sollicitant des certificats d'authenticité.
La lecture de cette lettre et l'examen des photographies ayant laissé Claude Picasso perplexe, nous avons commencé nos investigations dans notre documentation et nos archives. La recherche fut infructueuse, entre temps un deuxième courrier décrivant 24 nouvelles oeuvres arriva. De nouvelles recherches furent lancées qui débouchèrent comme la première fois sur un résultat négatif. De plus, les photographies n'étant pas de qualité suffisante, il est impossible à ce moment-là d'imaginer qu'il s'agit d'oeuvres originales. Il faudra donc examiner de visu les dessins pour que Claude Picasso puisse se prononcer sur une quelconque authenticité.
Claude Picasso reçoit de très nombreuses lettres sollicitant son avis. L'essentiel de ces demandes ne concernant pas d'oeuvres authentiques, ce sont souvent des reproductions ou bien des oeuvres n'ayant qu'un très lointain rapport avec l'oeuvre de Picasso. Les greniers de grands-mères regorgeraint de trésors inconnus et les marchés aux pu ces seraient de vraies cavernes d'Ali Baba à la lecture de ces missives.
En ce matin de septembre, Mr Le Guennec, électricien à la retraite et sa femme s'installèrent autour de notre bureau pour présenter à l'examen de Claude Picasso ces oeuvres qu'il sorti une à une d'une valise à roulettes.
La découverte s'avère extraordinaire, il s'agit de 175 pièces: plus d'un centaine de dessins, au crayon, à l'encre, une aquarelle, de nombreuses études de nus, des esquisses sur des enveloppes, deux carnets contenant l'un 7 feuillets et l'autre 91 dessins, 9 collages de l'époque cubiste dont une sculpture de papier, des lithographies, quelques études sur toile et un dessin sur une plaque de bois.
L'étonnement, la stupéfaction puis l'émotion se bousculent dans nos esprits. Chacune de ces pièces est authentique, des indications manuscrites, des numérotations liées à un inventaire ancien ne laisse, en effet, aucun doute sur la réalité du trésor qui s'étale alors devant nous. L'état de conservation est excellent, le papier n'a pas jauni, il ne semble pas avoir été exposé au soleil et il n'a pas subi d'humidité et contrairement à l'usage, aucune des feuilles n’est dédicacée et la plupart ne sont pas signée.
Aux questions de Mr Picasso, l'électricien explique que les oeuvres étaient dans son garage, dans un carton et qu'il ne les a pas regardées, ni classées, ni montrées à qui que se soit depuis que Pablo Picasso les lui aurait données dans les années 1970.
Claude Picasso a pu faire quelques prises de vues des pièces les plus exceptionnelles puis il a dû se résoudre à remettre le trésor dans la valise.
Les héritiers Picasso ont choisi de déposer plainte pour recel afin de mettre sous la protection de la justice ces oeuvres inestimables.
Nature morte au verre, technique mixte au sable circa 1914