Les collages de Prévert
Le 12 octobre 1948, à Paris, pendant une interview radiophonique, Prévert tombe accidentellement d'une porte-fenêtre. Après plusieurs jours de coma, il garde des séquelles neurologiques de cette funeste mésaventure. En repos forcé pendant plusieurs mois à Saint-Paul-de-Vence, il se met à pratiquer assidûment le collage, qui constitue pour lui une autre forme de poésie.
« Chez Prévert, la rencontre est toujours concertée, aussi déconcertante soit-elle. Le collage, c’est une façon de voir le monde, ou de le dire, en tournant sept fois la langue dans la bouche, ou sept fois les yeux dans les orbites. Et sa définition, il l’avait trouvée dans un dictionnaire : Collage : situation d’un homme et d’une femme qui vivent ensemble sans être mariés. »[1]
En 1957, Jacques Prévert expose une série pour la première fois à la galerie Maeght. Suivront une exposition au musée Grimaldi à Antibes en 1963, puis la même année à la galerie Knoedler, à Paris, pour laquelle Picasso réalise un dessin-dédicace publié dans le catalogue. Ses collages se joindront souvent à son œuvre poétique : il en publiera cinquante-sept dans le recueil Fatras (1966) et vingt-cinq dans Imaginaires (1970).
Le musée national Picasso-Paris conserve plusieurs Photos-collages non datés [1955-1960] dont l’un est dédicacé « À Picasso » (Inv. : MP3608), ainsi que La Californie (1956), une enveloppe contenant un mot manuscrit de Jacques Prévert pour l'anniversaire de Picasso sur un papier avec incrustation de fleurs séchées. (Inv. : MP3610). Dans l’affectueux message, il « lève le gobelet » de « vin rouge dedans le fer blanc » à son ami.
Le musée Picasso d’Antibes conserve, quant à lui, des collages où la photo de l’artiste apparaît : Au plus digne (1955), et, de la même année, la spirituelle Entrevue de Pablo Picasso et de Napoléon Bonaparte à Versailles, de nos jours, avec des mises en situation cocasses d’œuvres de l’artiste (don de Mme Françoise Gilot en 1987, Inv. : MPA 1987.2.4). Pablo Picasso, de son côté, fait le portrait de Jacques Prévert comme celui, rapidement esquissé, en date du 26 septembre 1956 (musée national Picasso-Paris, Inv. : MP1514). La succession du poète s’est séparée en juin 2010 d’un petit tableau, Les Baigneurs, qui représente le poète, sa femme Janine et sa fille Michèle. Daté de juin 1958, il est dédicacé au dos « pour mon ami Jacques Prévert ».
[1] André Pozner, Jacques Prévert Collages, préface de Philippe Soupault, Gallimard, 1982.
carnet de dessin ( collection privée)
carnet de dessin ( collection privée)
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