Dans les albums de la galerie Kootz se trouve des photographies et un carton d’invitation d’une version modifiée de l’exposition du 15 au 30 avril 1947 à Hollywood dans la résidence-galerie de Earl Stendahl « Nine Picasso flown from Paris by the Kootz Gallery New York »[i]. ( Fig 8 – 9 )
Si les vues de la résidence montre bien Le Marin, un portrait de Dora Maar et la Femme au crâne d’agneau, il semblerait que les autres peintures ne soient pas les mêmes que celles présentées à New York quelques mois plus tôt, deux natures mortes et deux portraits de femmes viennent en effet compléter l’ensemble. Parmi ceux-ci la magistrale Femme en vert peinte en 1944 [Z. XIII, 49 Fondation Beyeler] ( fig. 10 ) qui est alors largement commentée et reproduite dans la presse californienne. L’addition de ces quatre œuvres reste assez mystérieuse. Si l’on peut penser que Kootz a vendu en janvier 1947 les œuvres non exposées à Hollywood, nous n’avons pas trouvé d’information sur la provenance de ces nouvelles peintures, étaient-elles déjà aux Etats-Unis ? Kootz les a t-il faites venir de l’atelier de Picasso ? Y est-il retourné lui-même ? Il est certain que le marchand faisait tout pour étendre sa clientèle, promouvoir ses jeunes peintres dont il avait également emmené quelques toiles et asseoir sa réputation de marchand international mais toutes les hypothèses sur l’organisation de cette exposition privée restent ouvertes. Une lettre du 29 avril 1947 confirme toutefois que Kootz en informa Picasso : « Je rentre d’un voyage à Hollywood où j’ai exposé quelques-uns de vos tableaux et certains de mon groupe américain. Ce voyage a été un grand succès tant pour l’intérêt suscité que pour les ventes. J’ai été amusé de découvrir cependant que la plupart des stars de cinéma d’Hollywood ne connaissent pas vraiment votre travail après 1901 ; votre travail récent les a stupéfaits »[ii]. Cependant, si Picasso est intéressé par les efforts du marchand, on peut douter de la réelle interaction entre les deux hommes car, à la fin de cette même lettre, Kootz s’étonne de ne pas avoir de nouvelle de Picasso pour leur voyage du mois d’août à Antibes.