Cette année, le Musée Picasso Malaga célèbre son 10e anniversaire. L'exposition «Picasso. Album de famille» est destinée à exprimer la gratitude du Musée à la famille et aux héritiers, qui au cours des dix dernières années ont apporté leur appui à ce musée. C'est pourquoi la plupart des oeuvres proviennent des collections privées des héritiers de Pablo Picasso, ainsi que du Museu Picasso, Barcelone et de la propre collection de Museo Picasso Málaga.
Le cercle de la famille immédiate a été un sujet important du travail de Picasso et les membres de sa famille sont devenus à travers ses tableaux des références fondamentales de son oeuvre. Grâce à eux et à leur représentation, l'artiste nous donne à voir son talent, son habileté technique et sa capacité extraordinaire d'aller au-delà des frontières classiques de l'expression.
Produites entre 1906 et 1971, la plupart des oeuvres exposées sont inspirées par les compagnes qui ont partagé sa vie et ses enfants figurent également dans nombre de ces portraits. Ces oeuvres nous font partager un lieu où cohabitent le privé et l'artistique, et dans lequel les frontières entre la vie et l'art sont floues.
«Pablo Picasso. Album de famille» nous permet d'examiner la façon dont le langage pictural de Picasso subi des transformations tout au long de son travail: nous pouvons découvrir son innovation, son regard révolutionnaire et en constante évolution et la remise en question les canons classiques de l'histoire de l'art.
En effet, le genre du portrait, jusqu'au 19e siècle, comportait un certain nombre de règles et d'éléments formels dont le principal était de donner une image fidèle de l'apparence et de la personnalité du modèle. Picasso va sacrifier à cette tradition issue de la Renaissance grâce un nouveau vocabulaire expressif: il a réussi à construire une image fidèle et identifiable de son modèle, parfois avec un minimum de moyen. Il nous invite aussi à réfléchir sur la façon dont, avec le cubisme, en se dégageant des règles de la perspective classique, il a trouvé et donné d'autres moyens pour dépeindre une réalité qui est évidemment multiple.
Dans une interview, le peintre péruvien Cossio del Pomar le questionna sur l'importance qu'il donnait à la ressemblance dans un portrait. Le Maître répondit: «Pas du tout. Pour moi, ce n'est pas important de savoir si un portrait précis ressemble ou non au modèle. [...] Le résultat peut être beau même s'il n'y a pas de ressemblance conventionnelle». (Cossio del Pomar, Felipe Con los buscadores del camino Madrid: Ediciones Ulises 1932, page 129).
L'exposition est complétée par une sélection de 73 photographies, dont certaines sont prêtées pour la première fois par la famille de Pablo Picasso.
Maternité. Paris, automne 1921.
Collection Privée. Courtesy Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso para el Arte, © Photo: Eric Baudouin