Une consultation restreinte est lancée en 1976 auprès de plusieurs architectes pour évaluer et préciser la manière dont le musée Picasso pouvait s’insérer dans l’hôtel Salé, en répondant à tous les objectifs fixés.
Les architectes Castro, Monge, Scarpa et Simounet sont invités à présenter leurs suggestions. Tous les projets s’accordaient pour respecter l’architecture de l’hôtel, mais les exigences du programme y étaient différemment traitées. Trois d’entre eux proposaient d’adjoindre au monument des bâtiments qui auraient reçu l’essentiel des collections. Simounet, lui, souhaitait inscrire le musée dans le bâtiment même de l’hôtel, en refusant toute transformation profonde du bâtiment. « Dans ce labyrinthe disparate, à travers vestibules, entresols, suite de salons, appartements encombrés, surélévation incongrue, communs délabrés et sous-sols délaissé se dessine un cheminement “ naturel ”. » Dans son projet, le bâtiment principal recevait, dans les anciens espaces d’apparat du rez-de-chaussée et du premier niveau et dans les sous-sols aménagés, les collections permanentes. Les entresols existants étaient maintenus de manière à casser certains volumes trop grands, permettant de créer des espaces plus intimes pour les œuvres de petit format.
L’aménagement du musée Picasso a donc été confié à Roland Simounet qui, tout en conservant le grand escalier d’honneur, les volumes, les portes et les corniches des grands salons a conçu des espaces adéquats pour accueillir la dation Picasso et ménager aux chercheurs l’accès à des locaux annexes abritant les dessins et les archives du peintre, sans oublier les ateliers et les réserves. « Pour servir toutes les nouvelles fonctions du musée, j’emprunterai les accès et perrons existants. Au cœur de l’édifice règne dans toute sa démesure et sa gloire le grand escalier : il servira d’appel à la visite, qui débutera au premier étage ». Pour lui, le palais se présentait de manière évidente : ses dispositions, sa structure, ses formes offraient assez de particularités pour servir de supports à des choix décisifs. L’analyse des surfaces et des espaces existants avaient fait apparaître que la totalité du programme demandé pourrait prendre place dans l’enveloppe de l’édifice, sans prolongement extérieur. Dans le « respect et la métamorphose du lieu, l’hôtel Salé retrouve vie ».