Entre le 31 décembre 1970 et le 4 février 1971, Picasso réalisait dans son dernier atelier une série de cinquante-sept dessins dont il fit don au musée Réattu. On connaît de longue date les liens entre l’artiste et la ville d’Arles, son attachement à la culture régionale et à ses arènes. On connaît moins les circonstances qui ont amené le peintre à offrir au musée cette étonnante série qui fait partie des nombreuses œuvres de Picasso dites de « la dernière période », ici, précisément, deux ans avant sa mort. L’artiste, opéré en 1965, inquiet d’une éventuelle perte d’agilité, se jette corps et âme dans son travail, citant à l’envi les figures qui lui sont chères, les scènes de genre, ses personnages emblématiques. Arlequin, mousquetaire et peintre se côtoient dans de féconds dialogues. La figure du Minotaure et celle du peintre-matador se conjuguent, se complètent et rappellent à quel point Picasso était attaché à la culture taurine d’Arles, ville dans laquelle il eut, un temps, envie de s’installer.
Au musée Réattu, Picasso avait eu l’occasion d’investir les salles. En 1957, déjà, alors que le musée était encore balbutiant, ce qui ne l’empêcha aucunement de participer activement à la préparation de l’exposition qui lui était consacrée. L’exposition de 1971 fut exceptionnelle : on le découvre dans les archives, à la lecture des articles et des demandes d’interviews, des petits mots des uns et des autres, des remerciements, des lettres, des demandes des acteurs culturels qui souhaitent la faire visiter aux élèves, étudiants ou jeunes des quartiers, des sollicitations afin de recevoir l’affiche.